Depuis plusieurs années déjà, l’école aux Etats-Unis est devenue le théâtre où s’exprime la violence au quotidien puis où, maintenant, a lieu ce qu’on peut appeler des carnages.
En une semaine, il y a déjà eu trois attaques :
- la première à Bailey, dans le Colorado, pas très loin (tout étant relatif, on est aux Etats-Unis) de Littleton, là où avait eu lieu le premier massacre scolaire hyper-médiatisé en 1999.
- Le deuxième acte de violence a eu lieu dans le Wisconsin, un élève ayant tué son proviseur parce qu’il l’avait réprimandé la veille pour avoir fumé dans les locaux de l’établissement.
- Et le troisième, hier, en Pennsylvanie, à l’ouest de Philadelphie, dans la communauté Amish.
Si on doit les classer par degré d’horreur, c’est peut-être celui d’hier le plus révoltant car il touche la communauté Amish, une secte de chrétiens anabaptistes qui refusent le progrès et la modernité, ainsi que les armes à feu….
Au-delà de l’horreur de ces trois tueries, et de toutes les précédentes (depuis dix ans, il y en a eu au moins une par an), on doit s’interroger sur les causes de cette violence.
Depuis une dizaine d’années, donc, on assiste à une explosion de violence dans les écoles. Les écoles sont, pour tous les adultes, un lieu qui doit être respecté, le lieu de l’éducation et de l’apprentissage des enfants, le lieu où les enfants passent le plus de temps. Jusqu’à maintenant, il était impossible de concevoir qu’un enfant puisse se révolter avec des armes à feu. Depuis six ou sept ans, on voit que c’est le cas.
Tout d’abord, il y a certainement un problème d’éducation de ces enfants. Des parents absents toute la journée, des enfants livrés à eux-mêmes, des familles dé- et re-composées. Ceci, toutefois, n’explique pas tout. L’absence de repères familiaux forts crée un sentiment d’insécurité chez un enfant, cependant, il faut qu’il ait les moyens de passer à l’acte.
Et c’est là que réside le problème majeur aux Etats-Unis : la possibilité de se procurer rapidement des armes, même pour des enfants. La culture des armes à feu est tellement ancrée chez les Américains qu’il leur est inconcevable de la remettre en question. Les Américains ont pu survivre à la frontière pendant une centaine d’années grâce à la possession des armes, et, donc, ils ne peuvent admettre l’idée de s’en défaire. Les Américains ont, et ce n’est pas rare, des armes à feu chez eux, leurs enfants n’ont qu’à aller se servir.
La banalisation de la violence, inhérente comme nous venons de le voir à la société américaine mais également dûe pour une part à la télévision et au cinéma, conduit les enfants à leur faire perdre peu à peu leurs repères. Comme dans les films, l’enfant tue pour assouvir une humiliation, une vengeance, une haine.
Le meurtre d’hier en Pennsylvanie, lui, est un peu différent. Ce n’est pas un élève qui a tué, mais un adulte, père de famille, qui avait en sa possession des objets sexuels, et n’a gardé, puis tué, que des filles. Il s’en est pris à la communauté amish simplement parce qu’il habitait à côté, et que, les Amish refusant la modernité, il savait que l’école ne pourrait opposer aucune résistance. Il n’y avait en effet même pas de téléphone dedans !
Si l’acte de Pennsylvanie diffère dans les causes, il n’en demeure pas moins qu’il s’est déroulé dans une école.
D’après l’énoncé de ces causes, on peut s’apercevoir que, pour l’instant, cette violence est difficilement transposable en France, principalement parce que n’y existe pas de culture particulière de la violence, et que, pour l’instant, les armes à feu ne sont pas à disposition de tous.
Mais pour combien de temps les Français sont-ils à l’abri dans leurs écoles ?