Ces dernieres semaines a eu lieu un commencement de debat sur l'euthanasie, provoque par la mediatisation de Chantal Sebire. Nous ne reviendrons pas sur ce cas tragique, les journaux, ecrits comme Internet, s'en etant amplement charges. Mais le cas de C. Sebire n'est pas isole, c'est tout un pan de la societe (celui des personnes atteints de maladies graves et irreversibles) qui, pour l'instant, est passe pratiquement sous silence. Sur les blogs, depuis quelques jours, on assiste a des conversations qui transcendent le debat. Ou tout au moins qui essaient d'apporter des solutions a un sujet pour le moins difficile. Le Chafouin rapporte la situation en Belgique. L'euthanasie active y existe pour les adultes consentants, et la reflexion se poursuit pour euthanasier les vieillards dements et les enfants. Si Le Chafouin est plutot contre, n'empeche, il reste que la question merite d'etre posee. Mais, en effet, ou est la limite ? On parle de dignite et de volonte. S'il ne fait aucun doute que la dignite est entamee, la volonte du malade, elle, est plus sujette a caution. Meme si, un jour, un adulte que, s'il devenait dement, il preferait etre euthanasie, pas sur que, une fois que c'est arrive, il ait toujours la meme envie de mourir. Mais la, trop tard... Koz, lui, partant de cette meme situation en Belgique, est pour cette euthanasie active. "Par amour". Et il ajoute "nul ne peut affirmer avec certitude que vivre en état de démence vaille véritablement la peine, et soit véritablement digne". Sa conclusion prete a debat : "voter dès maintenant l’euthanasie des enfants et des déments serait une bonne manière pour la France de reprendre enfin le lead sur ce dossier, par rapport aux pays du Nord". Jacques Attali, lui, distingue entre le suicide assiste et l'euthanasie, et de la necessite d'avoir un projet de vie et un projet de mort, qui serait revisable tout au long de la vie. Je n'ai pas la pretention d'apporter une reponse ferme et definitive a ce debat de societe. Mais je ne peux m'empecher de faire quelques commentaires.... Je ne vois pas pourquoi il faudrait que la France reprenne le "lead" sur le dossier, peut-etre tout simplement les pays du Nord se trompent-ils, et il ne faut pas forcement "qu'on fasse mieux qu'eux". Mieux que les autres pays pour tuer sous conditions des personnes ne me satisfera jamais. Et pourquoi ne pas retablir la peine de mort ? Mais pas parce que les personnes ont commis des meurtres, non, juste parce qu'ils sont dements. Qui peut me dire ce que c'est qu'etre dement, et me prouver que la vie d'un dement ne vaut pas la peine d'etre vecue ? Peut-etre sont-ils tres heureux, peut-etre pas. Mais dans le doute, moi, je prefere m'abstenir. La distinction entre suicide assiste et euthanasie est fondamentale, elle permet de fixer les limites. Une solution pourrait en effet etre d'avoir un projet de mort. C'est certes un peu macabre mais, tout comme pour les dons d'organes, ou il vaut mieux le dire de son vivant si on accepte ou non, avoir un projet de mort permettrait a votre famille et vos proches de prendre une decision en connaissance de cause, ne pas l'imposer. J'etais, jusqu'il y a quelques annees, opposee a toute forme de suicide assiste, car "on peut toujours s'en sortir". Apres avoir vu quelques personnes de mon entourage souffrir miserablement, en ayant comme seule porte de sortie et seul but la mort, j'ai revise ma position. Je pense que, si la mort ne depend que de quelques jours ou semaines, et l'etat du patient est tel qu'il souffre et qu'il est conscient, c'est un acte de compassion que de la lui administrer. Qu'il soit adulte ou enfant. Si la famille est d'accord, ainsi que le corps medical (il doit etre sur de l'impossibilite de guerir), et que le patient est tel qu'il souffre trop, oui, dans ces cas la, je suis pour la mort. Mais la volonte du patient doit primer par dessus tout, il est hors de question de permettre de suicider des dements, ou des autistes, ou des personnes seulement differentes.
Je crois que l'article de Koz était à prendre au second degré...
Rédigé par : le chafouin | 27/03/2008 à 10:49
En effet, c'etait mon impression egalement mais comme ce n'etait pas si evident que ca (et que ca me servait bien pour mon post), j'ai prefere le prendre au 1er.
Si jamais il passe par la, et qu'il confirme que c'etait bien au 2d, il aura droit a mes plus plates excuses ;-)))
Rédigé par : Agathe | 27/03/2008 à 14:52
De facto, l'euthanasie active existe dans les hôpitaux français.
Dans un, cinq ou dix ans, l'euthanasie active sera autorisée en France.
Le vrai débat réside donc selon moi dans le degré d'encadrement de cette pratique.
Quel doit être le délai de rétractation minimum pour un adulte qui demande à être euthanasié?
Comment encadrer les demandes d'euthanasie émanant de proches d'un patient incurable?
Quid du cas de la démence?
Le risque de dérives existe, le législateur doit par conséquent légiférer de manière précise.
Le statu quo actuel est quelque peu hypocrite, car il ne correspond pas à la réalité des hôpitaux.
Mais la dignité humaine doit s'entendre dans toutes ses composantes: si la dignité d'un malade incurable peut passer dans certains cas par une euthanasie active, l'euthanasie active de quelqu'un atteint de démence peut a contrario porter atteinte à la dignité humaine. Il fait en effet partie du "politiquement correct" actuel que d'affirmer que la vie d'un trisomique ou d'un malade mental ne vaut pas la peine d'être vécue. Sans réellement se pencher sur la réalité vécue par ces personnes...qui développent des qualités humaines bien souvent supérieures à celles des personnes dites "normales".
Rédigé par : Pierre-Yves | 28/03/2008 à 22:33
Pierre-Yves, c'est un peu limite d'en déduire si vite que le débat ne porte pas du tout sur la légalisation de l'euthanasie mais sur ses critères d'application... Personnellement, j epense que le débat doit en rester pour le moment à la quesiton initiale : peut-on décider de donner la mort à quelqu'un, même par compassion?
Personnellement, je réponds toujours non à cette question... De la même façon que je suis contre la peine de mort, qui a ses justifications vis à vis des victimes.
Rédigé par : le chafouin | 29/03/2008 à 13:41
Mon analyse se veut avant tout pragmatique. Quand bon nombre de médecins affirment en «off» qu’ils pratiquent des euthanasies actives au sein de cliniques ou d’hôpitaux français, le législateur se doit d’encadrer cette réalité plutôt que de la nier. Paradoxalement en apparence, une loi légalisant d’euthanasie active de manière restrictive et encadrée serait plus efficace pour prévenir d’éventuelles dérives que le statu quo actuel.
Ensuite, un volet du débat consiste à déterminer qui serait en charge de la pratique d’une euthanasie active. Comme pour l’IVG, le médecin doit de mon point de vue pouvoir faire appel à sa clause de conscience.
En conclusion, face à d’innombrables euthanasies actives «clandestines», mieux vaut encadrer une pratique que le législateur ne peut de toute façon pas empêcher de manière absolue plutôt que de ne rien faire.
Rédigé par : Pierre-Yves | 30/03/2008 à 13:27
Mais ce n'est pas parce que beaucoup grillent les feux rouges qu'on encadre cette pratique...
Rédigé par : le chafouin | 31/03/2008 à 11:48
La seule différence réside dans le fait qu’il n’existe pas en France des policiers ou des gendarmes qui cautionneraient voire encourageraient des automobilistes à griller un feu rouge, à la différence des nombreux médecins qui ont déjà pratiqué des euthanasies actives…
Rédigé par : Pierre-Yves | 05/04/2008 à 19:13
et dans un pays où la police est corrompue, il faut que le gouvernement "encadre cette pratique" ?
Rédigé par : Vanille | 19/08/2008 à 22:24