«Le miracle du vingtième siècle». Voici comment le Président de la République Nicolas Sarkozy a qualifié aujourd’hui l’établissement de l’Etat d’Israël en 1948 face à son hôte élyséen Ehud Olmert, Premier Ministre de l’Etat hébreu en visite officielle à Paris, rapporte le quotidien israélien de centre-gauche Haaretz. Habitué des formules choc, le Président Sarkozy ne fait cependant que rappeler une réalité objective. Comment ne pas parler de miracle le fait pour un peuple d’avoir réussi à bâtir un Etat démocratique, moderne et prospère seulement quelques années après le drame innommable de la Shoah ?
Certes, les prémices de l’Etat hébreu ont vu le jour bien avant l’extermination des Juifs d’Europe par l’Allemagne Nazie. En 1909, était ainsi fondée la ville de Tel Aviv, ce qui signifie «Colline du Printemps» en hébreu. Il faut dire que c’est au moment de Pessah, la Pâque juive, en 1909, que fut fondée une métropole qui est désormais devenue la capitale économique de l’Etat hébreu.
Des fleurs dans le désert, des gratte-ciels au milieu de nulle-part, c’est en partie cela le miracle de l’Etat hébreu. Mais c’est aussi l’affirmation de la conscience politique profondément démocratique et humaniste d’un peuple qui, alors qu’il venait pour un grand nombre de ses pairs de subir l’une des plus grandes tragédies de tous les temps, a su véhiculer de 1948 jusqu’à nos jours les valeurs de pluralisme, de respect de la dignité humaine et de progrès social aux côtés d’impératifs de sécurité indispensables dans le contexte de la création de l’Etat hébreu.
Bien évidemment, il ne s’agit pas de tomber dans l’idéalisation d’un peuple ou d’un Etat. Comme toute Nation, Israël possède des zones d’ombre dans son histoire. Sabra et Chatila ? Certes. Même s’il ne faut pas oublier que ce sont les milices phalangistes chrétiennes qui sont à l’origine des massacres commis, et non les soldats de Tsahal. Sabra et Chatila illustre bien le cas d’une zone d’ombre de l’histoire d’Israël amplifiée et fantasmée par les détracteurs de l’Etat hébreu. Faire d’Ariel Sharon le seul responsable des massacres de Sabra et Chatila consiste à instrumentaliser l’histoire à des fins politiques bien souvent indéfendables, étant donné que la haine d’Israël en est la principale origine. Et au Moyen-Orient, la haine d’Israël consiste à bien souvent à en souhaiter la destruction, même aux plus hauts sommets d’Etats. Le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad en est la plus sinistre illustration, par ses déclarations publiques fracassantes en faveur de l’élimination de la carte du monde de l’Etat hébreu.
Ni bon ni mauvais, mais certainement éthiquement bien au-dessus de bon nombre de Nations, l’Etat d’Israël fait en tout cas partie des pays les moins expansionnistes de la planète. Même les colons israéliens les plus radicaux ne revendiquent pas de territoires au-delà de l’Israël biblique, le fameux Grand Israël, ce qui ne représente en superficie que l’équivalent de quelques départements français. Quel autre Etat peut en dire autant ? La plupart des pays si l’on regarde l’histoire contemporaine ou plus lointaine ne peuvent en dire autant : les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Espagne, le Portugal, la Russie, le Japon, la Chine, la Belgique ou encore le Maroc ne sont que quelques exemples de Nations (grandes sous d’autres aspects) qui ont montré ou parfois continuent de montrer une soif immodérée de conquête et de domination.
Oui, 1948 est belle et bien l’année d’un miracle, celle de la naissance du seul Etat démocratique du monde arabe. L’oublier serait intellectuellement malhonnête.
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