La Commission des Lois du Sénat a rejeté la semaine dernière l’amendement Mariani adopté par la Commission des Lois de l’Assemblée Nationale instaurant la possibilité de tests ADN pour les candidats au regroupement familial. La Haute Assemblée examine à nouveau l’amendement en session ce mardi. Cet amendement fort polémique a été proposé par le député UMP du Vaucluse, qui incarne l’aile droite du grand parti de la droite et du centre. Pour mémoire, Marine Le Pen a publiquement par le passé proposé à Thierry Mariani de rejoindre le Front National, constatant le peu de différences entre leurs valeurs. Cet amendement a soulevé un lever de boucliers à la fois au sein des ONG de défense des droits de l’homme, des principaux responsables religieux, de l’opposition de gauche mais également de la part de ministres du gouvernement Fillon (au-delà des seuls ministres d’ouverture) et de parlementaires de l’UMP. Le débat actuellement en cours illustre bien l’existence d’une droite plurielle au sein de laquelle figure un courant humaniste, résolument opposé au primat de la génétique en politique. L’opposition à l’amendement Mariani va même au-delà de la droite humaniste, puisque l’ancien Ministre de l’Intérieur et Sénateur des Hauts-de-Seine Charles Pasqua s’est publiquement affirmé contre la possibilité de tests ADN pour les candidats au regroupement familial : «Cela rappelle de mauvais souvenirs, à nous gaullistes. On sait l'usage qu'ont fait les nazis de la génétique». Sage rappel pour les partisans de l’amendement Mariani, Brice Hortefeux en premier lieu, trop jeunes pour être marqués à vie par la barbarie nazie. Au-delà de l’histoire, cet amendement s’il était adopté porterait profondément atteinte à la conception même de la filiation défendue par notre Etat de Droit. Je suis ainsi tenté de faire mienne cette déclaration du Sénateur-Maire de Saint-Etienne (UMP-Parti Radical) Michel Thiollière: «Outre les drames familiaux que pourrait entraîner cette mesure, cette disposition instaurerait aussi une discrimination de fait entre les enfants biologiques et les enfants adoptés et réduirait la parentalité à une détermination biologique».
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