A chaque élection perdue, on
entend dire que le PS doit absolument se renouveler, changer sa façon de faire
et de décider. En juillet 2007, c’est toujours d’actualité. Mais au PS, ils
n’aiment pas faire les choses simplement et rapidement, ça va donc prendre du
temps.
La refondation du PS semble se profiler néanmoins à l’horizon. Qui pourrait l’incarner ?
François Hollande, secrétaire général du parti, est tenu pour co-responsable de l’échec de S. Royal le 6 mai dernier. Il faut un bouc émissaire, il est le mieux placé pour le rôle. Son « je l’avoue, je n’aime pas les riches » a été le déclencheur de l’érosion dans les sondages de S. Royal. Mais, plus que ça, il est l’homme des consensus, la synthèse du Congrès du Mans en 2005 en est la preuve. Il a privilégié l’unité du PS, qui va de DSK à Fabius en passant par Peillon (même si celui-ci a refusé de signer ladite synthèse), à un véritable programme. Il va, d’ici peu, abandonner sa place de Premier Secrétaire du PS, dont le bilan est loin d’être brillant : quatre échecs (les présidentielles de 1995, 2002 et 2007, les législatives de 2007) pour deux victoires (les législatives de 1997 et les régionales de 2004). Présenté comme ceci, ce bilan n’est vraiment pas flatteur, alors que tous les échecs enregistrés ne le sont pas obligatoirement de sa faute. Il est devenu le patron du PS seulement réellement à partir de 2002. Mais les choix qu’il a faits ont entraîné le PS dans la défaite, il n’a pas su imposer un nom.
Ségolène Royal ne dispose pas de réseaux importants à l’intérieur du PS. Elle a, par contre, fondé Désirs d’Avenir et l’a transformé en machine de conquête du pouvoir. Elle n’a jamais fait partie de réseaux ni de courants au PS et est contestée à l’intérieur de son parti, parce qu’elle a perdu l’élection présidentielle, n’a pas été capable de mettre en œuvre une véritable alternative à Sarkozy, et surtout pour la manière dont elle a mené campagne –en s’isolant des responsables pour privilégier la rencontre avec les « vraies gens ». Le fait de ne pas être députée dans cette législature la prive d’une certaine exposition médiatique et politique.
Dominique Strauss-Kahn a une
grande expérience politique. Il a été Ministre des Finances, il incarne le
courant socio-libéral au PS. Il a véritablement une stature politique
européenne. C’est donc un prétendant sérieux à la refondation du PS. Mais, il y
a quelques jours, Sarkozy a proposé son nom pour prendre la tête du FMI. DSK a
vraisemblablement beaucoup de chances d’accéder à ce poste même si rien n’est
encore joué. Les Européens se sont accordés sur son nom, il doit maintenant convaincre les Américains et les autres pays qu'il est l'homme de la situation. S’il était choisi, ce serait un rude coup pour
le PS, qui se verrait privé de quelqu’un de forte expérience et de forte
valeur. S’il ne l’est pas, sa place au sein du PS sera un peu chahutée car
certains lui feront le reproche de s’être laissé tenté par les sirènes
« sarkozyennes ».
Laurent Fabius a été Ministre des Finances et Premier Ministre et est député de Seine-Maritime. Il est, depuis plus de vingt ans, un membre proéminent du PS. Quelque temps après le deuxième tour de l’élection présidentielle (de 2007), il s’est « mis en retrait du PS ». Il en reste toujours membre, même s’il n’occupera plus de fonctions au Bureau National « pour laisser la place aux jeunes » et désire « prendre du temps pour réfléchir, construire ». Il aurait été pressenti pour être candidat à la direction du FMI par N. Sarkozy –à la place de Strauss-Kahn. Pour ma part, cette hypothèse me paraît invraisemblable. Penser que L. Fabius a une quelconque crédibilité dans les pays de l’Union Européenne après la victoire du Non au référendum français de 2005 est méconnaître gravement la politique européenne. De plus, ses idées ne sont pas du tout proches de celles de l’UMP. L’hypothèse de sa candidature est seulement une tentative de déstabilisation du PS par l’Elysée, et rien d’autre.
A ces quatre « éléphants », on peut ajouter le nom de Jean-Marc Ayrault. Même s’il est loin d’avoir la même stature que les quatre précédents, il est le chef du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale et a donc, de ce fait, une véritable responsabilité politique. En ces temps chahutés, il incarne un peu le PS aux yeux des Français. Il a mis en œuvre un « shadow cabinet » calqué sur le modèle britannique et s’y est octroyé le poste des Affaires Etrangères et Européennes. Pour l’instant, Ayrault n’est pas très médiatique et le cabinet fantôme ne fait pas parler de lui. Rendez-vous en septembre pour voir comment les choses évoluent.
Il ne faut pas non plus oublier la « génération montante » qui aura un véritable rôle à jouer dans les années à venir. Il est, cependant, trop tôt pour hasarder quelques noms, et, surtout, peu productif. En effet, ce qui nous intéresse ici est de la politique à très court terme. Que va-t-il se passer au PS d’ici les élections municipales de 2008 ?
Tout n’est donc pas noir au PS, loin de là. Si les personnalités « historiques » sont prises dans une certaine tourmente, il y a une véritable relève qui est prête et qui attend son heure. Maintenant, on a un peu -beaucoup- l’impression que l’avenir du PS repose dans les mains de N. Sarkozy et de son cabinet. Avec son ouverture à gauche qui déborde véritablement le PS, il donne l’impression de décider de l’avenir du PS. Ce ne sont pas les militants, ni les sympathisants, ni les responsables du PS qui choisissent la voie dans laquelle ils veulent aller, mais N. Sarkozy qui, par ses débauchages de personnalités, est aux commandes. Pour l’instant, S. Royal semble être sa préférée pour être la leader du PS.
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